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Loin du Paradis un film de Todd Haynes

Loin du Paradis un film de Todd Haynes

Loin du Paradis un film de Todd Haynes

Synopsis

L’Amérique provinciale des années 50. Cathy Whitaker est une femme au foyer exemplaire, une mère attentive, une épouse dévouée. Son sourire éclatant figure souvent dans les colonnes du journal local.

Cathy sourit toujours. Même quand son mariage s’effondre, même quand ses amies l’abandonnent.

Quand l’amitié qui la lie à son jardinier provoquera un scandale, elle sera forcée, derrière son sourire, d’affronter la réalité.

« Les plus beaux mélodrames sont ceux où il n’y a pas de méchants, où les personnages se font du mal sans le vouloir, simplement parce qu’ils suivent leurs désirs » Todd Haynes

Commentaire

Courir trois lièvres à la fois : l’homosexualité, l’alcoolisme et le racisme… c’est ambitieux, pour le moins. Allier l’esthétisme de l’image et de la musique, c’est peu fréquent. Magnifier le jeu et l’intelligence des acteurs dans un thème difficile sous des dehors policés, sans violence, sans scènes de sexe….c’est rare, par les temps qui courent.

Todd Haynes réussit ici en 2002, un sans faute, sur son quatrième long métrage. Son chef opérateur, Edward Lachman, mérite aussi une mention, lui qui a travaillé avec Steven Soderbergh et David Byrne entre autres.

L’homosexualité et le racisme sont déjà des thèmes à la fois bannis et provocateurs dans une Amérique des années cinquante mais si on enveloppe l’ensemble dans une atmosphère d’alcoolisme, le défi est énorme. Le plus troublant. C’est que ces thèmes n’ont rien perdu de leur acuité. Le réalisateur ne s’y est pas trompé en 2002, lorsqu’il a choisi, pour multiples raisons, l’époque du film pour traiter des sujets d’aujourd’hui qui n’auraient pas même pu être évoqués au cinéma de l’époque.

Servi par des acteurs de premier ordre, Julianne Moore pour ne pas la nommer avec Dennis Quaid pour mari, l’histoire se déroule sans heurt, sans violence, sans vague apparente. Le fond est, lui, en revanche, extrêmement agressif. La femme est la victime de son mari, de préjugés de la société et se retrouve seule pour gérer sa vie et celle de ses enfants. Elle est mise à l’écart de cette société pour laquelle elle a pourtant sacrifié ses convictions libérales en ce qui concerne les gens de couleur. Elle s’est séparée de son ami jardinier noir, qui, lui-même subissait des pressions de son propre environnement, tout aussi raciste, au point qu’il a dû changer d’état pour échapper à la honte et l’opprobre. Son indulgence envers son mari l’a aussi rendue coupable. Sans doute, en théorie, les sanctions de notre société moderne ne seraient pas aussi dures, mais cela reste à prouver particulièrement en dehors des grandes villes, comme dans le film. C’est bien pourquoi cette histoire nous interpelle profondément et soulève une fois de plus, entre autres, le thème non résolu de l’égalité des femmes. Todd Haynes s’en explique : « Tourner aujourd’hui un mélodrame sans le style des années 50, en jouant le jeu, sans ironie, peut sembler bien étrange. Pourtant plaquer sur la prétendue innocence des années 50 des sujets aussi explosifs que le racisme ou la sexualité permet de montrer à quel point ces problèmes restent délicats aujourd’hui, et de constater combien notre époque ressemble à ces années-là. »